Nouvelles dispositions légales en matière de harcèlement psychologique et de violence à caractère sexuel : Une belle opportunité pour les départements RH

Partagez sur les réseaux sociaux

Le 11 octobre 2024 Par Richard DesRochers
Le 27 mars 2024, l’Assemblée nationale du Québec a adopté le projet de loi 42, qui impose de nouvelles obligations aux employeurs pour prévenir le harcèlement psychologique et la violence à caractère sexuel en milieu de travail. Ce changement législatif est perçu comme un tournant majeur pour les ressources humaines (RH) au Québec, transformant ce qui pourrait être considéré comme une contrainte réglementaire en une véritable opportunité pour les départements RH de renforcer la culture organisationnelle et améliorer le bien-être des employés. Avec une mise en conformité obligatoire d’ici au 28 septembre 2024, il est essentiel que les entreprises adaptent leurs pratiques rapidement.

Un besoin urgent de changement confirmé par les statistiques québécoises

Les comportements inappropriés en milieu de travail, tels que le harcèlement psychologique et la violence à caractère sexuel, sont bien documentés au Québec. Selon une étude de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), près de 21 % des travailleurs québécois affirment avoir subi du harcèlement psychologique au travail. Ces chiffres sont encore plus élevés chez les femmes, avec 30 % d’entre elles se déclarant victimes, contre 15 % des hommes. Par ailleurs, des cas de violence à caractère sexuel concernent environ 3,8 % des travailleurs dans certains secteurs sensibles comme la santé et l’éducation.
 
Ces chiffres soulignent une réalité troublante : le harcèlement et la violence en milieu de travail ne sont pas des phénomènes isolés, mais plutôt des problèmes systémiques qui nécessitent une réponse claire et énergique. Le projet de loi 42 est la réponse du législateur québécois pour contrer ces comportements, en offrant aux départements RH des outils et des responsabilités accrues pour prévenir et gérer ces situations.

Objectifs du projet de loi 42 : Protéger et responsabiliser

Le projet de loi 42 a été conçu pour prévenir le harcèlement psychologique et la violence à caractère sexuel, en imposant des mesures contraignantes aux employeurs québécois. L’objectif principal est de créer des milieux de travail plus sécuritaires et inclusifs, où chaque employé se sent protégé et respecté. Voici les objectifs clés de cette nouvelle législation :
  • Protéger les travailleurs : Selon la CNESST, plus de 70 % des plaintes en milieu de travail impliquent des situations de harcèlement ou de violence. La loi 42 renforce la protection des employés en exigeant des mesures préventives et réactives.
  • Clarifier les responsabilités des employeurs : En plus d’assurer la prévention, les employeurs sont maintenant tenus de fournir des procédures claires et des mécanismes transparents pour gérer les plaintes de harcèlement et de violence à caractère sexuel. Près de 25 % des plaintes de harcèlement n’étaient pas adéquatement traitées avant cette loi.
  • Renforcer la confiance des employés : En offrant des recours plus clairs et des processus mieux définis, la loi permet aux employés de dénoncer les comportements inappropriés sans crainte de représailles, ce qui contribue à améliorer le climat organisationnel.

Les nouvelles obligations pour les employeurs : Une opportunité d’amélioration

Le projet de loi 42 introduit plusieurs nouvelles exigences qui doivent être respectées par les employeurs d’ici au 28 septembre 2024. Si certaines entreprises voient ces obligations comme des contraintes, il est essentiel de les percevoir comme une opportunité d’amélioration pour les départements RH. Voici les principales mesures à mettre en œuvre :
  • Politique de prévention obligatoire : Chaque entreprise doit adopter une politique claire, écrite, et diffusée sur la prévention du harcèlement psychologique et de la violence à caractère sexuel. Une étude récente a révélé que 40 % des entreprises au Québec n’ont pas encore de politique formelle à cet égard, ce qui signifie que la loi 42 les contraint à rattraper leur retard. Pour les RH, cela représente une opportunité de renforcer la transparence et l’engagement envers la protection des employés.
  • Formation continue obligatoire : Selon les chiffres de l’ISQ, seulement 25 % des travailleurs québécois déclarent avoir reçu une formation sur le harcèlement ou la violence en milieu de travail. Avec la loi 42, les RH devront non seulement fournir des formations initiales, mais aussi assurer un programme de formation continue pour sensibiliser les employés à la prévention des comportements inappropriés.
  • Procédure de gestion des plaintes : Environ 30 % des employés ayant subi du harcèlement hésitent encore à signaler les incidents par peur de représailles. La loi 42 exige la mise en place de procédures de signalement confidentielles et impartiales. Les RH devront donc concevoir ou ajuster des mécanismes qui assurent la confidentialité et la protection des dénonciateurs, tout en respectant les droits des personnes impliquées.
  • Rapports annuels à la CNESST : La loi introduit l’obligation de rapporter les plaintes et les mesures prises à la CNESST dans le cadre des rapports annuels. Ces rapports doivent inclure des données sur le nombre de plaintes reçues et les actions correctives mises en place, ce qui oblige les départements RH à formaliser leur gestion des plaintes.

Ce que cela change pour les compagnies ayant déjà des politiques en place

De nombreuses entreprises québécoises ont déjà mis en place des politiques de prévention. Toutefois, même celles-ci devront ajuster leurs pratiques pour se conformer aux nouvelles exigences plus strictes de la loi 42. En effet, des statistiques montrent que 60 % des politiques actuelles sont jugées insuffisantes ou incomplètes en raison de lacunes dans la gestion des plaintes ou la prévention active.
  • Mise à jour des politiques existantes : Les entreprises devront réviser leurs politiques pour s’assurer qu’elles intègrent les nouvelles définitions légales de harcèlement et de violence, ainsi que des procédures plus rigoureuses de traitement des plaintes. Cela représente une opportunité pour les RH de renforcer les mesures existantes et de s’assurer que chaque employé connaît ses droits et les recours disponibles.
  • Formation renforcée : Même les entreprises avec des politiques en place devront étendre leurs programmes de formation pour inclure tous les niveaux de l’organisation, y compris les gestionnaires, qui sont souvent les premiers à être sollicités en cas d’incident. Environ 20 % des gestionnaires québécois disent ne pas être suffisamment formés pour gérer les situations de harcèlement, une lacune que la loi 42 permettra de combler.

Ce que cela implique pour les entreprises créant des politiques à partir de zéro

Pour les entreprises qui n’ont pas encore de politiques en place, la mise en conformité avec la loi 42 représente un processus plus complexe mais également une opportunité de poser les bases d’une culture d’entreprise plus saine. Selon une enquête menée par la CNESST, près de 35 % des PME québécoises n’ont pas de politique formelle sur le harcèlement en milieu de travail, un chiffre alarmant.
  • Développement d’une politique de prévention complète : Les entreprises doivent définir des lignes directrices claires pour prévenir le harcèlement et la violence, ainsi qu’un processus formel pour signaler et traiter les plaintes. Cette démarche est cruciale pour garantir la protection des employés et éviter des sanctions financières.
  • Mise en place de processus de gestion des plaintes : L’une des premières étapes consiste à établir des mécanismes confidentiels et neutres pour traiter les plaintes. Une étude de l’Université Laval montre que 45 % des plaintes de harcèlement en milieu de travail sont mal gérées ou non traitées, soulignant ainsi l’importance de cette exigence pour les entreprises sans processus en place.
  • Formation initiale des employés et des gestionnaires : Les entreprises devront mettre en place des formations de base pour sensibiliser les employés aux comportements appropriés en milieu de travail. C’est également une opportunité de promouvoir une culture de respect et de tolérance zéro envers le harcèlement et la violence.

Statistiques et impact potentiel sur les entreprises

Le coût du harcèlement en milieu de travail est énorme pour les entreprises québécoises. Une étude de la CNESST estime que les entreprises perdent jusqu’à 150 millions de dollars par an en raison du harcèlement et de la violence, ce qui inclut des pertes de productivité, l’absentéisme et les frais juridiques. En se conformant à la loi 42, les entreprises peuvent réduire ces coûts tout en améliorant le bien-être de leurs employés.
 
De plus, la non-conformité peut entraîner des amendes importantes allant jusqu’à 100 000 dollars par infraction, selon la gravité des manquements. La mise en conformité avec la loi est donc non seulement une obligation légale, mais aussi une décision financièrement stratégique.

Opportunité unique pour les RH de transformer les milieux de travail

Le projet de loi 42 n’est pas seulement une obligation légale, c’est une chance inestimable pour les départements RH de repenser et de transformer les milieux de travail québécois. En adoptant des pratiques robustes de prévention du harcèlement psychologique et de la violence à caractère sexuel, les entreprises peuvent aller bien au-delà de la simple conformité : elles peuvent créer des environnements où chaque employé se sent valorisé, protégé et écouté.
 
Cette loi offre aux RH l’opportunité de se positionner comme des agents de changement, façonnant des organisations qui privilégient le respect, l’équité et la sécurité. C’est l’occasion de bâtir des cultures d’entreprise inspirantes, où l’inclusivité et le bien-être sont au cœur des préoccupations. En saisissant cette opportunité, les entreprises ne protègent pas seulement leurs employés, elles renforcent aussi leur attractivité, leur compétitivité et leur capacité à innover.
 
L’avenir des milieux de travail repose sur des fondations solides de respect mutuel et de bienveillance. Les départements RH ont le pouvoir et la responsabilité de faire de cette vision une réalité. En prenant le leadership dans l’implantation des dispositions de la loi 42, ils contribueront à créer un Québec où chaque employé peut évoluer et s’épanouir dans un climat de confiance et de dignité.

Consentement à l'utilisation de cookies

Ce site web utilise des cookies ou des technologies similaires pour améliorer votre expérience de navigation et vous fournir des recommandations personnalisées. En continuant à utiliser notre site web, vous acceptez notre politique de confidentialité.